Incroyable, bouleversante, extraordinaire, les qualificatifs ne manquent pour dire à quel point l'histoire que raconte le documentaire "Sauvons les enfants" touche au plus haut point. 

Pictanovo s'est rendu à La Condition Publique (Roubaix) sur le tournage de ce documentaire, réalisé par Catherine Bernstein, co-écrit par Grégory Célerse, produit par Kuiv productions et soutenu par Pictanovo.

Imaginez le sauvetage de femmes et d'enfants juifs un jour de septembre 1942 à Lille. Près de 600 personnes sont raflées dans toute la région (de Lens à Cambrai, Denain, Lille, Valenciennes, Douai) et réunies dans une gare de marchandise à Lille-Fives : ce jour du 11 septembre 1942 se déroule la rafle du "Vel d'hiv du Nord".
Dans la gare de triage, une vingtaine de cheminots ont, au péril de leur vie, et porté par un courage sans limite, réussi en toute discrétion à faire évacuer entre 50 et 60 femmes et enfants en partance pour Auschwitz-Birkenau. Il s'agit, selon le spécialiste de la Shoah Serge Klarsfeld, du plus important sauvetage de juifs dans une gare, en Europe.

Cette histoire a été mise en lumière par Grégory Célerse, un auteur lillois passionné par la seconde guerre mondiale, dans son livre "Sauvons les enfants", publié en 2016 aux éditions Les Lumières de Lille. Après presque 10 ans d'enquête minutieuse, il a pu identifier 39 personnes sauvées ce jour-là et qui ont échappé à la mort dans le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau (seuls 16 survivants en sont revenus).

C'est l'histoire de ce sauvetage exceptionnel du 11 septembre 1942 en gare de Lille-Fives que Catherine Bernstein va mettre en images en réalisant le documentaire.

Nous sommes accueillis sur le tournage par le co-auteur du film, Grégory Célerse. Il nous précise "J’ai retrouvé de nombreux enfants qui ont été sauvés ce jour-là, on en a 5 qui témoignent dans ce film, ce qui est quand même inespéré, l’année prochaine, en 2022, on célébrera les 80 ans de l’événement".

Une maquette impressionnante de la gare de Lille-Fives, reconstituée pour l'occasion, se trouve au milieu du plateau de tournage, les détails sont précis, le travail de reconstitution a été minutieux.
Des photos en noir et blanc des protagonistes et des documents rares, témoignant du sauvetage, se trouvent sur la table qui est filmée le jour de notre visite. Il règne une atmosphère proche du recueillement quand la réalisatrice manipule, avec délicatesse et respect, ces documents trop longtemps oubliés. L'équipe est concentrée et ravie de pouvoir mettre en lumière ce sujet.

Une maquette et un narrateur pour retracer cette journée du 11 septembre 1942

Le schéma narratif du documentaire est le suivant : le téléspectateur suit un narrateur qui représente la figure de Grégory Célerse, l'auteur qui a enquêté sur ce sujet pendant ces 10 dernières années. Ce narrateur exhume des documents d’archives, rencontre des témoins et recrée la gare en maquette, au fur et à mesure de l'avancée du film.

"Le narrateur va fabriquer la maquette, les éléments de décor, il pose des figurines au fur et à mesure. Petit à petit on rentre dans l’histoire grâce à ces figurines", nous explique la réalisatrice, très enthousiaste de la manière dont se déroule le tournage et des conditions d'accueil à la Condition Publique.

Elle précise : "Nous avions des témoins vivants et donc des témoignages pour les personnes sauvées. Parallèlement à ça pour incarner les cheminots il y avait des documents des archives et des photographies des cheminots, mais le lieu même avait disparu, bombardé. Du coup (...) on a inventé une représentation de Grégory à travers un narrateur qui reconstitue, au fur et à mesure de ses recherches, la gare telle qu’elle était, sous forme de maquette. Petit à petit on rentre de plus en plus dans cette maquette, grâce à des mouvements de caméra, et on se met à plonger dans ce 11 septembre 1942". 

Une histoire méconnue portée à l'écran

L'entretien avec Grégory Célerse est émouvant. A mi-chemin entre l'historien et le journaliste d'investigation, il enchaine les récits sur les survivants, imprégné, passionné par leurs histoires. Elles sont toutes époustouflantes. On comprend alors l'importance de témoigner sur cet événement. "Ce qui est incroyable, c’est que, si cette histoire a fait l’objet de recherches, elle était cantonnée à un cercle restreint et est restée largement méconnue."

Même les protagonistes, pour la plupart, n'en ont jamais parlé "ces personnes n’ont pas pris conscience que ce qu’ils ont fait été incroyable". L'auteur nous précise : "J’ai identifié 25 cheminots qui ont participé à ce sauvetage, j’ai retrouvé des familles et la fille d’un des cheminots qui a sauvé le plus de personnes, le plus d’enfants, n’avait jamais entendu parler cette histoire, et donc des exploits de son père."

Après avoir entendu ces récits chargés d'humanité, de courage, de fraternité, nous n'avons qu'une seule hâte, celle d'entendre les histoires de la bouche des survivants. Ce film sera porteur d'espoir. Il met en lumière et honore la mémoire de ceux dont le destin a été bouleversé en ce 11 septembre 1942, les survivants et les héroïques cheminots.

A voir sur France 3 (la date de diffusion sera communiquée ultérieurement).

La réalisatrice Catherine Bernstein

Des documents extrêmement rares ont été retrouvés

Mise en place de la prochaine séquence, avec la réalisatrice Catherine Bernstein

La maquette de la gare de Lille-Fives

Des documents extrêmement rares ont été retrouvés

La maquette de la gare de Lille-Fives

La réalisatrice Catherine Bernstein

Des documents extrêmement rares ont été retrouvés

Le rapport Mabille (du nom de Jean Mabille, le chef de gare en 1942) qui donne des informations sur les différents sauvetages

La maquette de la gare de Lille-Fives

La maquette de la gare de Lille-Fives

La maquette de la gare de Lille-Fives

La maquette de la gare de Lille-Fives

 

 

Votre navigateur est dépassé

Veuillez mettre à jour votre navigateur. mettre à jour